La nouvelle tant attendue est tombée : Laurence des Cars a été nommée présidente du musée du Louvre.
Les louanges sont nombreuses dans la presse. Il faut dire que le bilan Orsay-Orangerie est beau : une fréquentation record, des expositions sociétales qui ont rencontré un succès certain, des discours inclusifs et soucieux des problématiques actuelles, une gestion de la crise admirable. Ce que la presse oublie, c’est que ce bilan a un prix. Derrière les apparences se cachent des équipes exsangues, des agents invisibilisés, un collectif de travail détruit.
La gouvernance mise en place sous la présidence de Laurence des Cars a été rythmée par une vraie difficulté à communiquer avec ses équipes, à les valoriser et à leur donner envie. Cela a conduit de nombreux agents à choisir le départ – la souffrance au travail n’est pas toujours faite de violence, elle est parfois très feutrée.
Car un beau bilan d’établissement, ce ne sont pas seulement les beaux discours dans la presse, la fréquentation, les indicateurs au vert dans les rapports d’activité, les applaudissements du ministère.
C’est aussi la manière dont on décline en management les grands principes qu’on défend. Or les agents des musées d’Orsay et de l’Orangerie ont vu leurs missions être segmentées et leur expertise niée. Chacun est désormais cantonné à sa direction de rattachement sans lien avec les autres, et les informations sont transmises uniquement au niveau des directeurs, charge à eux de les répercuter ou non à leurs équipes, dans des délais toujours plus serrés.
Laurence des Cars était très attendue à son arrivée ; les « anciens » se souviennent des applaudissements enthousiastes lors de son discours d’investiture. Porteuse d’un espoir de renouveau, elle avait à ses côtés des équipes ultra motivées, persuadées qu’elles allaient faire de grandes choses ensemble. Les expertises étaient là, il n’y avait qu’à les valoriser.
Au lieu de cela, pendant ces quatre années, on a constamment rappelé aux agents qu’il fallait qu’ils restent à leurs places, en ajoutant des couches hiérarchiques inutiles qui conduisent à une perte de temps, d’énergie et d’efficacité. On a assené aux équipes qu’elles n’avaient pas voix au chapitre car seule la tête savait. Les agents ont fini par comprendre qu’en effet, on n’était pas tout à fait en démocratie – pour citer Laurence des Cars elle-même.
On ne peut s’empêcher de penser : « quel gâchis ». Espérons que la nouvelle présidence saura entendre la voix experte et impliquée des agents des musées d’Orsay et de l’Orangerie, au service d’un musée inclusif, aussi bien pour son public que pour son personnel.