Fontainebleau : un an après

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Le 28 mars au soir il y a un an, la direction des Archives nationales annonçait la fermeture au public du site de Fontainebleau. Cette décision obéissait au principe dit « de précaution » : en effet, des mouvements anormaux affectant la structure des bâtiments du site avaient été détectés à l’occasion d’une étude sur l’avenir des mêmes bâtiments commandée à l’OPPIC.

Un an après, beaucoup d’efforts ont été faits par l’administration et par les agents pour assurer la survie du site malgré l’arrêt total de la communication des fonds conservés dans les Unités 1 et 2, soit 80 % du total : installation de locaux provisoires, lancement de travaux ne nécessitant pas d’avoir accès aux fonds, prise en charge de versements dans les locaux du Transitoire encore disponibles, opération de récupération de matériels et effets personnels en décembre dernier. Parallèlement, des contre-expertises et de nouvelles mesures demandées pour les niveaux R+1, Rdc et R-1 des Unités ont fait apparaître une stabilisation des variations qui avaient conduit à la décision de fermeture du site. Une synthèse des mesures déjà effectuées est attendue pour les prochaines semaines, tandis qu’une nouvelle salve de mesures doit avoir lieu cet été dans les niveaux -2 à -5 en vue de l’élaboration de scénarios chiffrés pour la fin de l’année – délai dont on espère qu’il sera cette fois tenu.

En dépit des efforts consentis et des quelques signaux encourageants enregistrés, la situation se dégrade : un an après cette fermeture décidée du jour au lendemain, nos collègues se trouvent toujours dans l’incertitude quant à l’avenir du site et plus largement quant à leur avenir professionnel, état de fait que l’absence de toute perspective rend particulièrement anxiogène. Plusieurs demandes de mutation sont à signaler, notamment dans la filière scientifique, depuis mars dernier ; on peut douter du fait que ces collègues seront tous remplacés, eu égard à l’attractivité nécessairement déclinante du site. La décision de fermeture met aussi dans l’embarras les lecteurs et sans doute plus encore les administrations, qui se trouvent privées de l’usage de leurs archives et de possibilités de versements. Enfin, et surtout, elle tend à donner du site de Fontainebleau l’image d’un centre, au pire moribond, au mieux en sursis, ce qui met en péril l’équilibre de l’ensemble du SCN Archives nationales.

Depuis un an se succèdent études et diagnostics, expertises et contre-expertises ; le provisoire glisse insensiblement vers le permanent, ainsi qu’en témoigne le projet, non plus de location, mais d’achat de l’Algéco du PC Sécurité, envisagé pour cette année. Mais a-t-on bien conscience de l’effet psychologique d’une fermeture de fait ? de l’état d’abandon qui gagne inévitablement des locaux non utilisés ? des conséquences induites par les départs de personnels, ou par leur très large et compréhensible démotivation, deux ans seulement après que certains aient fait des choix d’installation liés au déménagement des fonds ?

Dans ce contexte de détérioration, se laisser enfermer dans les aspects purement techniques du dossier sans offrir au personnel de Fontainebleau et à l’institution Archives nationales de perspective sur l’avenir du site peut difficilement être assimilé à autre chose qu’à une forme d’attentisme. La CFDT-Archives appelle donc l’administration à tous les niveaux – Direction des AN, SIAF, DGPat – à penser le dossier au-delà de la seule gestion de la crise induite par la décision de fermeture, et à engager sans tarder une réflexion permettant de se projeter réellement dans l’avenir. Cette réflexion, qui ne devrait pas s’interdire de reconsidérer la décision de fermeture du 28 mars, prise sur la base de mesures effectuées dans un contexte de perturbation du bâtiment (déménagement des fonds, épisode pluvieux de l’automne 2013), devrait porter aussi bien sur le court terme – activités et missions des services durant la période de crise – que sur l’avenir du site à plus long terme.

La situation à Fontainebleau n’est pas au point mort : la poursuite du statu quo sans réinvestissement des espaces de bureaux et de conservation l’aggrave chaque jour et, au-delà, met à terme en péril l’équilibre des trois sites franciliens. Il faut réfléchir et agir dès aujourd’hui pour pouvoir avoir le choix demain.

CFDT-Culture, section Archives
27 mars 2015