Sous la plage, le MUCEM abandonné ?

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La réussite de son intégration dans le paysage marseillais (aussitôt ouvert, aussitôt adopté) ne suffit pas au MUCEM., il lui faut désormais exister « autrement » …

La seule idée qui semble avoir émergé c’est de copier Paris ! Et allez, hop, décalquons, au transat près, l’événement imaginé par un maire parisien en déversant 640 tonnes de sable dans une ville qui compte pas moins de 57 kilomètres de côtes… Bien sûr, tout ce sable n’est pas gratuit, juste la bagatelle de 380 000 euros (ne soyons pas naïfs, ce sera sans doute plus !). Dommage, nous on aurait bien vu une occupation de l’espace genre « Les Indignés de la Culture »… mais ce n’est pas assez « fashion », ou « chic », ou « hype »…
On va donc donner dans le populo bon teint et chic avec sardinades (pour la couleur locale), l’inégalable tombola (pour gagner des billets d’entrée ou des catalogues, ne rêvons pas trop), mais aussi l’inévitable yoga. Pour les débats, on ne sait pas trop, faudrait pas que ça fasse trop intello quand même…

Mais flûte ! le MUCEM est situé sur l’un des rares endroits de la côte marseillaise où il est interdit de se baigner pour des raisons de sécurité. Ha… Mince… Pas grave. Jetons aux orties (ou toute autre plante urticante) les objectifs de développement durable et créons donc un « gigantesque » brumisateur et agrémentons le tout de quelques douches (la crème solaire c’est gras !).
A se demander si ce n’est pas la solution trouvée pour se débarrasser des « minots » qui, depuis des générations, sautent dans l’eau aux Pierres plates, bravant ainsi toutes les interdictions. Le bain, c’est fini ! A la douche, comme tout le monde !

Hélas aussi, comme il n’y a pas de trésor caché sous le tas de sable, afin de financer tout cela, il va falloir rogner sur les programmations prévues (rencontres littéraires, cinéma en plein air). Annulez moi ça, c’est pas assez fun ! Du sable, de la douche et des transats, des glaces oui ça c’est chouette !
Et le musée, dans tout ça ? Ah ben oui… Et les visiteurs ? Facile, on leur offrira une glace à l’issue de certaines visites ! Et vive la culture, qu’on vous dit !

Certes, les collections souffriront un tantinet avec l’entrée quotidienne du sable sous les pas des visiteurs, mais nul doute que le budget « Grand nettoyage d’automne » est prévu ! On pourra même récupérer le sable pour la fête de l’année prochaine.
On devra compter aussi sur le mistral satané perturbateur local et ce sera « MUCEM ou mistral gagnant » ?

On aimerait en rire… Mais, en ce moment, on a un peu de difficultés…
Car de qui se moque-t-on en réalité ?

• Du contribuable, qui en ces temps (parait-il) d’économies, voit plusieurs centaines de milliers d’euros dissipés dans un projet au contenu scientifique, culturel ou artistique plus que discutable ?
• Du public, dont on considère qu’il n’est pas en capacité de choisir entre activité plage et visite de musée ?
• Des Marseillais car questions clichés, il ne manque que le pastis et le jeu de boules pour avoir la caricature complète !
• Du MUCEM lui-même, dont les collections seront sans doute les premières victimes, les plus graves aussi ? L’infiltration de quantités de sable, agent éminemment volatile, potentiellement corrosif et destructeur aura forcément un impact sur elles, et ce sur le long terme.

Le site internet du musée proclame : « Plus qu’un musée, le MuCEM est une véritable cité culturelle s’appuyant sur toutes les disciplines des sciences humaines et mobilisant les expressions artistiques des deux rives de la Méditerranée. »
Certains mauvais esprits pourraient considérer qu’il y a un léger grain de sable entre déclaration d’intention et réalité…

CFDT-Culture
Paris-Marseille, le 3 juin 2015