La commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, présidée par Arnaud Bazin, a établi un rapport présenté par Éliane Assassi le 17 mars 2022.
Il ressort de ce rapport que le ministère de la Culture a dépensé en 2021 : 14 888 994,66 euros en recourant à des cabinets conseils pour différentes sortes de prestations, dans des domaines conceptuels, organisationnels, voire des conseils en communication.
La CFDT-CULTURE partage largement les étonnements et les conclusions du rapport sénatorial.
Elle constate, pour ce qui est du ministère de la Culture, que le recours de plus en plus important à des cabinets de conseil est créateur de dysfonctionnements parfois majeurs et révélateur d’une haute administration déconnectée qui ne connaît ni les agents qu’elle dirige ni leurs compétences et qui manque singulièrement de vision stratégique.
Aux critiques formulées par la commission pour l’ensemble des ministères, la CFDT–CULTURE ajoute celle d’opacité, constante dans les dispositifs de recours à ces cabinets privés au sein du ministère de la Culture : les raisons du recours à un conseil externe ne sont jamais explicitées, les objectifs réels poursuivis le sont rarement, les différents scénarios envisageables ne le sont pas plus.
Trop souvent également, l’impression est d’une certaine déresponsabilisation de ceux qui décident de ce recours, qu’il est attendu du cabinet de conseil un livrable « clés en main », sans que le commanditaire ne se donne la peine de l’encadrer un tant soit peu, même pour lui présenter les éléments spécifiques du contexte. Des agents exerçant des métiers spécifiques, certains scientifiques ou techniques de haut niveau, œuvrent au sein du ministère.
Les propositions émanant des cabinets peuvent refléter une ignorance complète de ces particularités (voir l’exemple récent de l’audit privé conduit en DRAC-PACA).
Lorsqu’il est question de réorganisation de services, le recours à des cabinets extérieurs ressemble souvent à un alibi pour éviter une véritable concertation avec les agents, voire pour imposer une réforme sans en assumer la responsabilité : « ce sont les conclusions du cabinet ! ».
La CFDT-CULTURE demande que le recours aux cabinets de conseil ne soit décidé que de façon ponctuelle et en cas de réelle nécessité, après concertation avec les représentants des agents. Elle insiste pour que ce recours soit opéré en toute transparence, tout au long du processus et que tous les personnels puissent avoir accès aux livrables qui les concernent.
Elle rappelle que ce procédé d’aide à la décision ne saurait dispenser ceux qui l’utilisent d’associer les compétences réelles qui existent au sein des services et qu’il ne peut donc se suffire à lui-même.
Elle rejoint ainsi les préconisations de la commission sur la mise en place d’un « plan de réinternalisation » qui s’appuie sur ces compétences.
Enfin, la CFDT-CULTURE s’inquiète, comme la commission, des conditions déontologiques et de sécurité des données dans lesquelles se déroulent ces consultations et recommande que toutes les précautions soient désormais prises dans ce domaine.
Comme le souligne le rapport sénatorial, « l’influence croissante des cabinets de conseil donne parfois le sentiment que l’État “ne sait plus faire”, alors qu’il peut compter sur une administration dévouée et sur près de 2,5 millions de fonctionnaires attachés à leur métier et à une certaine idée du service public ».
Pire : elle est révélatrice de la négation de l’expertise métier des personnels et de leur expérience. Au final, un gâchis d’argent public, une action contre- productive, des risques déontologiques majeurs et une source majeure de démotivation et de risques psychosociaux, comme on peut le constater au sein même du ministère de la Culture.
Paris, le 28 mars 2022
Ø Tout le rapport à retrouver en ligne sur le site du Sénat
Paris, le 28 mars 2022