Déclaration liminaire de la CFDT-CULTURE au Comité technique ministériel du 30 mars 2022
Depuis plusieurs années, le rythme des nominations à la tête du ministère de la Culture s’est accéléré. Le quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas échappé à ce phénomène avec trois nominations successives de ministres dont le pouvoir d’agir s’est affaiblit au profit d’un pilotage croissant des dossiers « Culture » depuis les services de l’Elysée…
Il n’est pas ici question de dresser un bilan détaillé de l’action des trois derniers ministres de la Culture d’abord parce que de nombreux articles de presse ont été écrits à ce sujet et que par ailleurs la Cour de comptes s’en est chargée dans sa note de décembre 2021, intitulée « Recentrer les missions du Ministère de la Culture ». Cette note, à l’approche essentiellement budgétaire et comptable des deniers publics, contient de nombreux constats partagés par la CFDT-CULTURE et au sujet desquels l’organisation syndicale alerte inlassablement depuis plusieurs années :
– une absence de projets politiques structurants et ambitieux pour le ministère
– une tutelle des établissements publics difficile à opérer ;
– un budget sans réel marge de manœuvre,
– une administration centrale désorientée par le Plan de transformation ministériel dont les effets positifs promis par les cabinets conseils, sont toujours attendus.
Désormais, nous préférons nous tourner vers l’avenir et vous dire de quel ministère de la Culture nous voulons…
NOUS voulons toutes et tous d’un ministère de la Culture…
– un ministère fort de ses politiques culturelles porteuses d’un véritable sens et inscrites dans la durée pour en assurer la continuité ; des politiques culturelles structurantes, tournées vers tous les publics, construites sur les bases d’une ligne politique ambitieuse et claire ; des politiques culturelles véritablement en phase avec toutes les pratiques culturelles et sur tous les territoires,– un ministère reconnu, pesant politiquement sur les décisions ; un ministère charismatique, pertinent, innovant, porteur d’élans et d’un projet de société, impulsant des dynamiques ;
– un ministère détenteur du pouvoir dans ses propres champs d’intervention ;
– un ministère reconnaissant ses experts dans tous les domaines culturels, artistiques et scientifiques ;
– un ministère préoccupé non seulement par les industries culturelles, mais aussi par les secteurs non rentables de la culture ;
– un ministère œuvrant à ne pas dégoûter ses agents en leur donnant les moyens de maintenir leur passion du métier et des missions qu’ils remplissent au quotidien ;
– un ministère où les agents seraient en nombres suffisants et correctement rémunérés — y compris les contractuels à temps incomplet ;
– un ministère où tous les enseignants contractuels de nos établissements seraient rémunérés au niveau de la catégorie A ;
– un ministère où ils n’y auraient plus d’agents précaires ;
– un ministère où les fonctionnaires seraient rémunérés au même niveau que les fonctionnaires des autres ministères ;
– un ministère où le dialogue social ne serait plus un passage obligé, mais le lieu de fructueux échanges où serait prise en compte la parole des personnels ;
– un ministère où on associerait les agents aux prises de décisions quand cela concerne leurs champs de compétences ;
– un ministère où les établissements publics et tous les opérateurs — même les plus importants — feraient réellement partie du grand tout ministériel ;
– un ministère capable d’un vrai accompagnement de ses services déconcentrés renforcés, donnant ainsi aux DRAC les moyens de pouvoir développer les dialogues fructueux qu’elles établissent avec les collectivités territoriales et locales.
– etc.
Bref, nous voulons un vrai ministre et d’un vrai ministère de « plein exercice » avec des moyens humains et financiers qui lui permette de mener d’ambitieuses politiques publiques en phase avec le renouvellement générationnel des publics.
Paris, le 30 mars 2022.