Numérique et développement durable

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Alors que le numérique devient un environnement structurant du fonctionnement du Ministère de la Culture et un instrument fondamental de la politique culturelle – il est ainsi aujourd’hui envisagé comme un levier important d’une démocratisation de la culture adaptée au renouvellement des usages – la CFDT-CULTURE considère qu’il est impératif d’associer à ces développements qui apparaissent inéluctables, une plus grande conscience de leur impact écologique. Les évènements climatiques de l’été 2022 nous rappellent de manière criante la nécessité d’agir et vite.

Si la sobriété numérique est inscrite désormais à l’agenda de la stratégie numérique du Ministère de la Culture, il reste encore à développer une véritable culture écologique du numérique permettant de mitiger ses effets sur l’environnement et de participer à l’effort de décarbonation de l’économie.

On ne saurait trop insister sur cette question alors que les pratiques culturelles en ligne se sont considérablement développées à la faveur de la pandémie, que les institutions culturelles sont encouragées à développer une offre numérique innovante et qu’au sein du ministère le télétravail et la dématérialisation constitue une véritable extension numérique de notre environnement de travail.

La séduction des interfaces manipulés par les utilisateurs – de Zoom aux casques de réalité virtuelle, de la plateforme collaborative au Live sur Instagram – se prête à l’illusion d’une immatérialité des environnements numériques. De même, la dématérialisation des procédures suggère dans son appellation même une apesanteur écologique du numérique alors qu’elle est substitution d’une matérialité à une autre qui requiert des minéraux rares et de l’énergie pour fonctionner.

Les plateformes numériques sont en effet moins des espaces immatériels qu’une infrastructure étagée aux échelles multiples comprenant des interfaces, des serveurs, des câbles de fibre optique, des fermes de données, une extraction importante de minéraux et d’énergie…Si le lien est désormais bien établi même s’il est ténu entre le fait de démarrer son véhicule et le réchauffement climatique, nous n’avons pas encore complètement saisi que des gestes aussi élémentaires que l’envoi d’un courriel ou de participer à une visio-conférence sollicitent l’ensemble des couches de l’infrastructure numérique.

Il est établi que le numérique contribue aujourd’hui, au niveau mondial, de 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre, soit l’équivalent du secteur aérien, et qu’il se développe à vive allure. Au rythme actuel, il devrait atteindre 7% des émissions d’ici 2030.

Il est donc urgent, dans un contexte de développement des pratiques numériques, de développer une culture écologique du numérique qui s’appuie sur un usage optimum du numérique pour en maîtriser au maximum les conséquences écologiques.

La CFDT-CULTURE entend placer la question du numérique au cœur des enjeux de développement durable et appelle le Ministère de la Culture à se donner des leviers pour agir sur cette question.

Il nous semble de la première importance que le Ministère de la Culture affirme fortement la notion d’un numérique éco-responsable afin de mitiger les effets des développements rapides actuels du numérique qui livrés à eux-mêmes s’apparentent trop souvent à une fuite en avant. Il est primordial d’instaurer des réflexes de sobriété numérique quand est mis en place des grands programmes d’action, du PI4 aux micro-folies ou au développement de nouvelles plateformes d’expériences culturelles en ligne.

Cette éco-responsabilité doit être au cœur de l’usage numérique des agents, de la gestion et du renouvellement du parc de matériel, des usages numériques proposées à leurs publics par les institutions culturelles, des logiques de soutien à l’innovation ou d’engagement dans des nouveaux modèles économiques comme les NFT. A partir d’une sensibilisation des acteurs de la culture aux enjeux écologiques des technologies, cette démarche doit s’appuyer sur les initiatives des acteurs culturels sur leurs territoires qui sont les mieux à mêmes de définir un usage raisonné et adapté du numérique.

Favoriser des formes d’éco-responsabilité dans des formes d’innovation organisationnelles, culturelles et technologiques passe par une sensibilisation et formation des agents et acteurs culturels.

A une meilleure conscience des enjeux, doit répondre le développement de référentiels, la mise en place de répertoires de bonnes pratiques, et la construction d’instruments de mesure permettant de mieux arbitrer les stratégies hybrides des acteurs culturels qui sont appelées de plus en plus à développer leur action à la fois in situ et dans des environnements numériques.

La CFDT-CULTURE sera attentive à toute initiative du Ministère de la Culture sur ces enjeux. Elle veillera à conjuguer écologie et numérique pour favoriser un développement équilibré et durable du secteur culturel.