COMMUNIQUE COMMUN SNAPAC et CFDT-CULTURE : PLF 2025 : un budget d’attente qui fragilise la Culture

La CFDT-CULTURE et le SNAPC-CFDT prennent acte de l’adoption du budget 2025. Ce budget lève une incertitude, mais à quel prix ? Ce n’est pas un budget de relance, ni un budget structurant. C’est un budget d’attente, marqué par des efforts supplémentaires demandés au secteur culturel sans orientations claires de politique publique. L’État s’auto-contraint, assumant un cap budgétaire avant tout guidé par la réduction du déficit, sans arbitrages cohérents pour la Culture.

Les perdants de ce budget

Derrière la stabilité affichée de la mission Culture (3,918 milliards d’euros), plusieurs choix interpellent :

• L’éducation artistique et culturelle est amputée de 64 M€ (-7,8 %). Cette coupe touche de plein fouet la démocratisation culturelle ;
• Le Pass Culture est raboté de 35 M€, dont 20 M€ sur la part individuelle. Ce dispositif qui doit être repensé pour mieux atteindre les jeunes les plus éloignés de l’offre culturelle ;
• Les collectivités locales sous pression, alors qu’elles sont les premières contributrices au financement de la Culture. Face à la baisse de leurs dotations et à leurs propres difficultés budgétaires, elles risquent de désengager encore plus ;
• Les agents du ministère de la Culture sont encore les grands oubliés du PLF 2025. Aucune revalorisation salariale, aucune perspective d’augmentation du point d’indice n’est envisagée., C’est maintenant une baisse de l’indemnisation des congés maladie ordinaires (CMO) de 100 % à 90 % qui est actée. Une double peine pour des agents publics déjà fragilisés ;
• Les travailleurs indépendants en sursis. L’abaissement du seuil de franchise de TVA à 25 000 € est finalement suspendu, mais son avenir reste flou : cette disposition pourrait lourdement impacter des professions indispensables au secteur culturel. L’incertitude et l’imprévisibilité budgétaire pèsent sur le secteur en obscurcissant son avenir.

Un modèle à bout de souffle

Ce budget, comme les précédents, se contente d’additionner des expédients sans assumer de véritables choix. Il prolonge un sous-financement chronique, en s’appuyant sur des mesures d’urgence plutôt que sur une vision à long terme. L’État restreint son action là où il pourrait investir pour préparer l’avenir :

• La transition écologique est repoussée, faute de moyens dédiés à une véritable transformation du secteur culturel ;
• La Culture reste considérée comme un supplément d’âme ou un divertissement, alors qu’elle est un levier fondamental de cohésion sociale et de l’égalité des chances ;
• La fonction publique est une nouvelle fois désignée comme le bouc émissaire en subissant les ajustements budgétaires, avec des agents à qui l’on demande toujours plus, sans reconnaissance en retour.

Nos revendications

Face à ces constats, la CFDT-CULTURE et le SNAPC-CFDT demandent :

1. Un réinvestissement massif dans l’éducation artistique et culturelle. Il n’y aura pas de Culture vivante sans transmission ;
2. Un fonds de soutien durable pour les structures culturelles, au lieu d’un saupoudrage d’aides ponctuelles ;
3. Un Pass Culture refondé, pour aller vers tous les jeunes y compris les plus éloignés de l’offre culturelle ;
4. Un cadre stable et protecteur pour les travailleurs indépendants, avec des droits sociaux adaptés à leurs réalités professionnelles ;
5. Une revalorisation immédiate des salaires des agents du ministère, et la garantie que la réforme des contractuels aboutira à une amélioration réelle de leurs conditions de travail ;
6. Un plan de soutien aux collectivités territoriales, qui doivent rester des acteurs centraux du financement et de la diffusion culturelle.

Soutenir, accompagner, réinventer

Nous entrons dans une période difficile pour la Culture. L’État doit être aux côtés des professionnels du secteur, leur donner les moyens de traverser cette crise mais aussi d’innover et de construire de nouveaux modèles. Cela suppose des personnels culturels respectés, bien rémunérés, en capacité d’accompagner ces mutations.

Nous appelons les professionnels, les citoyens et les élus à se mobiliser :

• Pour un budget qui donne à la Culture les moyens d’exister pleinement ;
• Pour des conditions de travail dignes pour celles et ceux qui la font vivre ;
• Pour une culture accessible à tous, partout.

Paris le 12 février 2025