Archives nationales du monde du travail, SCN oublié du ministère de la Culture

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Le 3 mars dernier, les représentants de la CFDT-Culture ont rencontré Hervé Lemoine, directeur chargé des Archives de France, puis le 13 avril, Vincent Berjot, directeur général des Patrimoines, pour évoquer la situation – dramatique – des Archives nationales du monde du travail (ANMT).

L’administration n’a pu que partager le triste tableau dressé par la CFDT-Culture concernant ce service, grand oublié du réseau des Archives.

Conçu pour fonctionner avec 50 agents, ce service à compétence nationale a atteint le sous-effectif record d’une douzaine d’agents en 2011-2012, lors de très graves problèmes de direction dénoncés en leur temps par la CFDT-Culture et dûment constatés par l’administration. Depuis, les ANMT n’ont jamais atteint ne serait-ce que la moitié de l’effectif prévu (actuellement 22 agents affectés).

Ce sous-effectif est patent si l’on compare les 0,5 agent/kml d’archives aujourd’hui aux ANMT aux autres services publics d’archives (pour mémoire 1,6 agent/kml aux AN, en moyenne 1,2 agent/kml aux AD et jusqu’à 1,8 agent/kml dans certains services !)

Force est également de constater que les effets s’en font ressentir et que bien des missions essentielles d’un service public d’archives sont de longue date externalisées :

  • le classement de fonds d’archives, réalisé en 2011-2012 par des archivistes prestataires de service représentant plusieurs ETP, et aujourd’hui encore, aux deux tiers, par des stagiaires et vacataires ;
  • le récolement juridique des fonds, confié depuis plusieurs années à un intérimaire, dont on ne comprend pas qu’il ne soit toujours pas intégré dans le corps des chargés d’études documentaires ;
  • la reproduction des documents, assurée par un photographe auto-entrepreneur, lequel est parti fin janvier 2015 pour d’autres horizons professionnels, laissant le laboratoire photo des ANMT désespérément vide !

 

Ce constat, au-delà d’être alarmant, est également dangereux et démotivant pour les agents.

Si le Ministère voulait être juste envers les ANMT et permettre un fonctionnement en « vitesse de croisière », les effectifs actuels de Roubaix devraient être triplés !

Ce sont non seulement des conservateurs, mais aussi des CHED, des secrétaires de documentation, des agents d’accueil-surveillance-magasinage, que la CFDT-Culture réclame pour que les ANMT puissent assurer pleinement leurs missions.

Au cours de la rencontre, Vincent Berjot a déclaré qu’en raison du plafond d’emplois auquel il est soumis, il n’est pas en mesure de créer de nouveaux postes au profit des ANMT.

La CFDT-Culture regrette que l’effort que le ministère a bien voulu consentir à l’ouverture du site de Pierrefitte pour les AN, ne puisse être appliqué pour les ANMT à Roubaix.

 

Le directeur général a cependant admis qu’il était nécessaire, dans le cadre de l’EAC (Éducation artistique et culturelle) et du « Vivre ensemble », chers à la ministre, de renforcer les activités culturelles et scientifiques des ANMT.

Or, la CFDT-Culture a alerté sur le fait que le peu d’agents encore présents aux ANMT est confronté à la perte de visibilité du service dans lequel ils œuvrent. Des missions dévolues aux ANMT (archives d’entreprises, de syndicats, d’associations et d’architectes) ont eu tendance à être captées ces trois dernières années par les Archives nationales – situation qui semble toutefois s’améliorer avec la nouvelle directrice. Citons par exemple les 450 ml d’archives déposées qui ont été déménagés des ANMT aux AN-Pierrefitte à l’automne 2014, ou encore l’organisation actuellement d’une exposition « Vies cheminotes. Une histoire orale des années 1930 à 1950 » aux AN, sans partenariat avec les ANMT alors que le sujet se prêtait à une coopération.

La CFDT-Culture prend acte de la volonté affichée par Vincent Berjot et Hervé Lemoine de « dissiper le flou » qui s’est instauré dans la répartition des missions entre AN et ANMT.

Il est cependant désormais TRÈS URGENT d’agir. Ne pas prendre de décision aujourd’hui, ce serait laisser à l’agonie un service où les agents partent ou cherchent à partir les uns après les autres, ne projetant plus leur avenir professionnel dans un SCN en perdition et en manque de visibilité dans le réseau des services publics d’archives en France !

Le Ministère doit donner aux ANMT les possibilités de fonctionner normalement et d’assurer pleinement leurs missions :

  • en favorisant des recrutements, par exemple des sorties de concours ;
  • en rappelant les périmètres d’actions des deux SCN AN et ANMT ;
  • en renforçant les liens scientifiques avec les Universités, l’École des Chartes, l’INP ;
  • en redonnant une image positive des ANMT (halte à la désinformation sur la présence d’amiante ! oui à un site Internet qui soit une vitrine du service !)

La CFDT-Culture reste évidemment attentive à la situation et continuera de porter les revendications des agents au sein des instances, que ce soit celles des Archives (CHSCT ANMT-ANOM et CT Archives) ou au niveau ministériel.

Nous attendons la mise en œuvre rapide des pistes évoquées lors de ces deux rencontres.

15 avril 2014
CFDT-Culture, section Archives