La CFDT-CULTURE apprend par Le Monde * que la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat souhaite « Savoir comment le ministère de la culture évalue et contrôle l’activité de ses conservateurs du patrimoine auprès des vendeurs et des acheteurs des musées étrangers ».
Nous nous réjouissons que nos élues et élus s’intéressent à la manière dont le ministère de la Culture agit pour assurer un suivi efficace de ces activités au cœur de ses missions patrimoniales.
Pourtant, il nous semble que la question est particulièrement mal posée.
Du contrôle, en effet, le ministère de la Culture en meurt, et nous ne cessons de le répéter. D’un ministère de métier, il est passé à un ministère de gestion purement administrative. Les conservateurs du patrimoine apprécieront également de se trouver ainsi désignés comme « suspects » alors qu’eux-mêmes ne cessent de clamer le besoin criant de moyens pour exercer leur mission dans des conditions normales.
Et si, au lieu de contrôler, et de rajouter des indicateurs aux indicateurs (essentiellement financiers…), le ministère de la Culture s’interrogeait enfin sur ses métiers et leurs missions?
La CFDT-CULTURE invite les sénatrices et sénateurs à s’intéresser aux capacités d’action des conservateurs du patrimoine autant qu’aux modalités de leur évaluation et du contrôle de leur activité ! Car, à force de procédures de contrôle, avec la multiplication des échelons qui vont avec, non seulement on en oublie sa raison d’être, mais on ne peut plus également exercer sereinement son métier et avec le recul nécessaire.
L’avenir ne nous apparaît donc pas rassurant. Il suffit de voir les postes vacants au plus haut niveau : qu’en est-il de la capacité d’action du Service des musées de France, privé de direction depuis de longues semaines ?
Que nos élues et élus aient bien en tête que les conservateurs du patrimoine ne sont pas à la tête du ministère de la Culture : ils obéissent à des ordres, et font en fonction des moyens qui leur sont alloués. Alors si le Sénat pouvait s’intéresser à la manière dont sont conçues et pilotées nos politiques patrimoniales, peut-être les questions trouveraient-elles déjà de nombreux éléments de réponse ?
Bientôt, le Sénat s’apercevra que l’autonomie des établissements publics (créatrice de véritables puissances presque autonomes de leur tutelle), le fonctionnement de l’entre-soi des commissions où les noms semblent s’interchanger dans une valse à trois temps, l’affaiblissement enfin des métiers du ministère de la Culture entraînent une perte de sens de son action et constituent un danger pour les politiques culturelles.
Quel dommage que ce constat vienne si tard : cela fait des années que la CFDT-CULTURE alerte sur le sujet ! Mais évidemment, nous pourrons le répéter à l’envi à la commission de la culture du Sénat. Il suffira juste d’être prêts à nous écouter.
Paris, le 20 juin 2022