La Bibliothèque nationale de France (BnF) traverse depuis près de deux mois une crise sociale qui mobilise les agents, mais aussi les usagers de l’institution, contre la nouvelle organisation du service public décidée par la direction de l’établissement.
Une grève fortement médiatisée est menée par l’intersyndicale CGT, FSU et Sud depuis le 2 mai 2022.
L’origine de cette crise réside dans le projet de suppression le matin de la communication directe aux chercheurs des documents. Cette réorganisation basée sur la forte baisse des demandes de communication est surtout une réponse au manque d’effectifs pour mener à bien l’ensemble des projets de l’établissement : réouverture de Richelieu, construction du nouveau centre de conservation d’Amiens…
Même si le plafond d’emplois de l’établissement n’a pas baissé depuis plusieurs années, le redéploiement des effectifs ne peut constituer une réponse pérenne dans la mise en œuvre de l’ensemble de ces projets. Ainsi la question de la création d’emplois pour réaliser l’ensemble des missions de l’établissement doit se poser de manière claire aux tutelles. Tout ne peut reposer sur la bonne volonté des agents déjà confrontés à la surcharge de travail. La Bibliothèque nationale de France ne peut, et ne doit, être placée devant des choix difficiles : renoncer à des projets pourtant essentiels en détériorant la qualité de service public que les usagers sont en droit d’attendre.
La CFDT-CULTURE, attentive tout à la fois à la qualité de vie au travail et au service public, dénonce depuis le début cette proposition de la direction contre laquelle elle a voté dans toutes les instances, tant en CHSCT qu’en comité technique. Ostracisée d’emblée par l’intersyndicale, la CFDT-CULTURE fait le choix de continuer à siéger dans les instances locales en gardant la proximité avec les agents pour porter les revendications auprès de la direction.
Aujourd’hui, la CFDT-CULTURE constate que tout dialogue n’est pas rompu avec la direction qui semble ouverte à la négociation d’un compromis raisonnable. Après avoir soumis en bilatérale des propositions que la direction n’a pas refusées en bloc contrairement à celles de l’intersyndicale gréviste, la CFDT-CULTURE veut encore croire à la possibilité d’une sortie par le haut pour résoudre cette crise à l’avantage des personnels et du service public.
Fidèle à la ligne qui est la sienne, tant qu’un dialogue constructif sera possible, la CFDT-CULTURE privilégiera ce mode de négociation et ne se résoudra qu’en dernier recours au bras de fer douloureux d’un conflit social de grande ampleur dont nul, agent, hiérarchie ou institution, ne sortirait indemne.
Cependant, c’est bien au problème de fond qu’il est nécessaire de s’attaquer pour obtenir un apaisement durable des tensions au sein de l’institution, et pour cela, la CFDT-CULTURE porte inlassablement la même revendication : donner des moyens à la BnF pour recruter les emplois pérennes nécessaires à l’accomplissement de ses missions !
Dans la mesure où la direction de la BnF n’a les clefs ni de son plafond d’emploi ni de son budget, c’est dans les instances décisionnelles de l’institution (conseil scientifique et conseil d’administration) et surtout au niveau ministériel, que cette négociation doit se mener.
C’est pourquoi la CFDT-CULTURE, réclame l’intervention et l’arbitrage de la ministre de la Culture et des services centraux. Il faut une réponse rapide et concrète à la crise en cours en proposant un vrai calendrier social de sortie de crise. La colère légitime des agents et l’angoisse compréhensible des usagers ne se satisferont pas de promesses dilatoires, mais doivent trouver un débouché dans la construction de solutions concrètes qui ne sacrifient ni les personnels ni le service public.
Paris, le 21 juin 2022